Pierre du mois #8 – Juin : La Pierre de Lune

Origine & formation de la Pierre de Lune

La pierre de lune, appelée aussi hecatolite, est une adulaire, variété d’orthose (groupe des silicates, sous-groupe des tectosilicates, famille des feldspaths). Elle est de formation magmatique, parfois hydrothermale, et a une texture perthitique : c’est à dire enchevêtrement de deux feldspaths alcalins (un potassique – l’orthose, en phase dominante – et un sodique – albite). Les deux espèces se sont entremêlées et à mesure que le minéral fraîchement formé s’est refroidit, l’intercroissance de l’orthose et de l’albite s’est séparée en couches empilées et alternées. La pierre de lune porte aussi le nom d’adulaire, car les monts Adula en Suisse furent historiquement connus pour ces pierres, avant que le Sri Lanka devienne le principal producteur. 

A l’origine, le terme « pierre de lune » désignait les pierres avec des reflets de différentes couleurs, causés par la diffraction de la lumière (on appelle ce phénomène l’adularescence, ou encore l’effet Schiller), mais il a ensuite été étendue aux pierres de moindre qualité ne présentant pas de reflets. De nos jours, la gamme des pierres de lune est vaste, avec divers ton. Cependant, la fameuse pierre de lune dite arc-en-ciel est en réalité une labradorite (qui appartient aussi aux feldspaths, mais est un aluminosilitate de calcium et de sodium) : malheureusement, comme avec beaucoup de pierres, la pierre de lune n’échappe pas aux contrefaçons ou aux confusions…

La pierre de lune est en réalité incolore (d’où le fait que son trait soit blanc), et ses reflets peuvent aller du blanc au bleu, parfois même jusqu’au jaunes. Ces reflets sont principalement dus à la structure de la pierre qui est cristalline. Son éclat vitreux permet d’observer des couleurs différentes en fonction de la luminosité. Issue des roches alcalines, plutoniques et métamorphiques, cette magnifique pierre blanchâtre se fait de plus en plus rare.

Un peu d’histoire

Le terme pierre de lune vient des mots sanskrits « kanta » (aimé) et « chandra » (lune), l’expression « aimé de la lune » (chandrakant) renvoyant directement à son origine mythique. Ce nom vient aussi de la clarté de la lune. La pierre de lune est également surnommée « hécatolite« , en référence à Hécate, la déesse grecque de la Lune et de la fertilité, à la fois le symbole de la mort et de la renaissance. En tant que pierre liée à la lune, elle est aussi la pierre d’Artémis et Séléné (qui a donné son nom à une autre pierre, la sélénite), qui avec Hécate forment la Triade Lunaire grecque.

Pendant l’Antiquité, la pierre de lune était un outil principalement utilisé pour la divination et elle était considérée comme la pierre des déesses. Les Romains, quant à eux, l’associaient surtout à Diane (leur version d’Artémis), la déesse de la chasse et de la lune, car ils pensaient que la déesse visible sur cette pierre. À cette époque, la pierre de lune était déjà associée à la féminité, à la douceur et à l’intuition. Certains hommes portaient des costumes de femmes tout en se mettant la pierre dans la bouche pour tenter d’accéder à la « clairvoyance céleste ».

A cause de sa couleur et de son éclat particulier, les civilisations indiennes et romaines pensaient que la pierre de lune se créait par les rayons de celle-ci, et encore aujourd’hui, la pierre de lune est sacrée en Inde. Toujours selon les croyances de l’Empire romain, la pierre de lune avait également le pouvoir de modifier les phases astrales. Et elle était bien entendue aussi connue pour les croyances liées à l’amour (elle aurait la vertu d’influencer le sentiment amoureux).

Du côté des Grecs, on l’utilisait pour protéger les femmes enceintes tout au long de leur grossesse. Puisqu’elle était aussi associée à la fertilité et à la passion, la pierre de lune permettait aussi, selon les croyances de l’époque, d’augmenter le désir sexuel et le plaisir charnel. Mais pour continuer sur la référence à la fertilité, celle-ci était aussi présente au Moyen-Orient, puisque la pierre de lune y était utilisée pour accroître les chances d’avoir un enfant. Chez les Égyptiens, c’était un grand symbole de protection : une fois la nuit tombée, les voyageurs égyptiens portaient cette pierre pour se protéger des dangers nocturnes et bénéficier de ses pouvoirs liés à l’intuition. La pierre de lune est aussi protectrice des personnes amoureuses, et était souvent offerte aux mariages. Durant la Renaissance en Europe, elle était très prisée, pour son pouvoir de réconcilier les couples.

La pierre de lune a ensuite été redécouverte en 1801, par Jean-Claude Delamétherie, et c’est à cette époque qu’on a pu percer ses mystères, notamment en dévoilant ses composantes. Plus récemment, en 1970, la pierre de lune a officiellement été déclarée « emblème d’État » par l’État de Floride aux États-Unis, rendant ainsi hommage au premier pas posé sur la lune en 1969. De nos jours, la pierre de lune est très utilisée pour faire des cabochons, mais aussi des bijoux divers (colliers, bracelets, pendentifs,…). Si les principaux gisements de pierre de lune se trouvent au Sri Lanka et en Arménie, il est possible d’en trouver d’autres moins importants un peu partout. Pour autant, il devient de plus en plus difficile de trouver des vraies pierres de lune sur le marché.