L’hiver n’est plus très loin, et tout le monde se prépare à l’accueillir. En ces temps plus difficiles que de coutume, j’avais envie de vous partager mes petites astuces pour passer un hiver agréable et sans trop de désagréments.
Et mon plus grand atout, ce sont mes épices ! Vous aussi vous voulez passer un hiver épicé ? Alors prenez note !
Les épices
Je ne vais pas tout lister ici : des épices, il y en a énormément… Je vais donc parler ici de celles que j’utilise tout le temps en hiver, dans une forme particulière : les épices à pain d’épice, c’est à dire la badiane, la cannelle, la cardamone, le fenouil (oui, bon, ça c’est un légume…), le gingembre et le clou de girofle. Je les utilise toujours ensemble, car seuls je n’aime ni le gingembre ni le fenouil, mais là, ça passe… les goûts parfois, c’est étonnant. Je parlerais aussi de la noix de muscade, que j’utilise aussi, même si c’est moins fréquent.
Et vous allez voir que toutes ces épices ont beaucoup de points communs…
La badiane
De son nom latin illicum verum (famille des Schisandracées), la badiane est l’autre nom de l’anis étoilé. Outre son aspect très joli, qui en fait une très belle petite décoration pour les fêtes, la badiane est une alliée de choix contre les problèmes digestifs (elle soulage la digestion difficile et les ballonnements, tout en étant un bon antiseptique intestinal). Elle est aussi antispasmodique (et aide notamment contre les vomissements nerveux). Elle aiderait à soulager les maux de tête forts. Elle est aussi diurétique et stimule l’appétit. Et par son parfum elle lutte contre la mauvaise haleine. C’est aussi une bonne alliée contre les coups de froid, et elle aide à l’expectoration en cas de toux et d’inflammation des voies respiratoires.
La badiane est donc votre amie en hiver, que ce soit pour lutter contre les maux de la saison ou pour faire passer les repas copieux des fêtes de fin d’année !
Attention cependant à ne pas en abuser, car à forte dose la badiane peut déclencher des convulsions !
La cannelle
Ma chouchoute ! Celle-là, je pourrais en mettre presque partout…
Sa désignation latine est cinnamomum verum syn. C. zeylanicum (famille des Lauracées). On s’en sert depuis longtemps en Chine et en Inde pour soulager la fièvre, la diarrhée et les problèmes menstruels. Les grecs et les romains l’utilisaient aussi pour soulager la digestion difficile (et oui, elle aussi). Elle sert aussi à masquer l’amertume. Les amérindiens s’en servaient contre les crampes d’estomac, les nausées et vomissements, et contre les coliques chez l’enfant. Mais la cannelle est aussi un puissant antiseptique, et elle est antibactérienne (notamment contre les bactéries responsables des caries) et antifongique. Elle est une bonne alliée contre les infections du nez, de la bouche et de la gorge et aide à éliminer les mucosités encombrantes. Enfin, elle ouvre l’appétit, réduit le taux de sucre dans le sang et fortifie le système circulatoire et abaisse la tension (utile donc en cas d’hypertension). Elle est, bien sûr, aphrodisiaque et favorise la fertilité.
ATTENTION cependant ! La cannelle est fortement déconseillée (pour ne pas dire interdite) aux personnes enceintes, sauf dans les tous derniers jours de la grossesse : la cannelle facilite l’accouchement et stimule l’arrivée des règles…
Concernant l’huile essentielle de cannelle, attention également : elle est dermocaustique et ne doit donc jamais être employée pure sur la peau (et toujours en très petite quantité). Cependant, c’est en usage interne qu’elle est de toutes manière vraiment efficace.
La cardamone
Son nom latin est elettaria cardomomum (famille des Zingibéracées). Riche en potassium et en calcium, elle est elle aussi une bonne alliée de la digestion. Ses graines ouvrent l’appétit et sont antiacides. La cardamone est antispasmodique, tonique (notamment pour le cœur), expectorante, antibactérienne et antifongique, diurétique tout en soulageant l’incontinence urinaire (elle équilibre donc le fonctionnement de la vessie). Elle aussi est aphrodisiaque et aide pour avoir une haleine fraîche. Enfin, la cardamone est utile en cas d’allergie ou d’intolérance alimentaire pour calmer le système immunitaire.
Le fenouil
Foeniculum vulgare (famille des Apiacées) est le nom latin du Fenouil commun (car oui, Fenouil est un nom vernaculaire désignant plusieurs plantes en vérité…), dont je vais parler maintenant. Hippocrate le recommandait pour traiter les coliques chez l’enfant. Dioscoride le décrivait comme « suppresseur de l’appétit » (il apaise en réalité les tiraillement de la faim) et le conseillait également aux personnes allaitantes pour une meilleure production de lait. Selon Pline l’Ancien, le fenouil permet de guérir les maux associés aux yeux (et il est vrai qu’un bain d’yeux au fenouil soulage les infections oculaires). Hildegarde de Bingen le prescrit contre le rhume, la grippe, les problèmes cardiaques et pour une bonne digestion. Les Anglais disent du fenouil qu’il combat les malédictions, et selon Nicholas Culpeper il déclencherait les règles : il est vrai que le fenouil a un effet proche des œstrogènes, aussi il est fortement déconseillé aux personnes enceintes pendant toute la durée de la grossesse (ainsi que pour les personnes à qui on défend de prendre des traitements hormonaux à base d’œstrogènes). Et en Amérique, le fenouil est également prescrit pour aider la digestion et pour favoriser les règles et la production de lait, ainsi que pour contrecarrer les effets désagréables des médicaments…
Le fruit du fenouil soulage les intestins, les racines sont diurétiques et sont un bon anti-inflammatoire urinaire (les graines de fenouil sont bénéfiques pour soulager une cystite). Elles ont aussi une action tonique (bonne pour la fatigue) et anticonvulsive (idéal pour soulager le stress). Attention cependant à ne pas abuser des graines de fenouil : à forte dose elles sont toxiques ! Les feuilles utilisées en infusion sont expectorantes et calment les irritations de la gorge. Enfin, le fenouil agit sur le taux de cholestérol (en aidant à le réduire) et calme le système immunitaire en cas d’allergie ou d’intolérance alimentaire (oui, lui aussi).
A noter que le fenouil est sans danger pour les enfants à qui ont peut le donner en sirop pour soulager les rages de dents du nourrisson et les coliques.
L’huile essentielle de fenouil peut aussi être utilisée, avec des précautions : elle est évidemment interdite aux personnes enceintes pendant toute la grossesse, fortement contre-indiquée en cas de cancer hormonal ou d’hypothyroïdie (elle freine l’activité de la thyroïde), et il faut l’utiliser sur une courte durée (tout usage prolongé doit se faire seulement sur avis médical). A noter que cette HE est très utile contre les problèmes liés à l’appareil génital dit « féminin » (cela va des règles irrégulières ou absentes à la ménopause).
Le gingembre
Son petit nom à lui c’est zingiber officinale, et comme la cardamone il est de la famille des Zingibéracées. S’il est reconnu mondialement en tant qu’aphrodisiaque, ce n’est évidemment pas sa seule utilité. Il sert notamment à rafraîchir l’haleine et permet de mieux conserver les autres aliments. Pour le reste, vous allez avoir l’impression que je me répète : digestion facilité, action contre la fièvre (il élève la tension artérielle et stimule la transpiration) et le rhume et la toux (il aide à éliminer les sécrétions), antiviral et antibactérien efficace, aide à réduire le taux de cholestérol (en le consommant régulièrement), stimulant cardio-vasculaire. Le gingembre est également un bon anti-émétique, notamment en cas de mal des transports (les marins chinois en savent quelque chose). Et en tisane, il est un bon allié le lendemain d’une soirée arrosée pour contrer la « gueule de bois », ainsi que pour soulager les problèmes gynécologiques (c’est un bon antispasmodique).
En Angleterre, on utilisait le ginger ale (bière de gingembre, qui est en réalité une boisson sans alcool) pour calmer les diarrhées, nausées, vomissements, fièvre, maux de tête, de dents et d’estomac des enfants.
Attention cependant : il est déconseillé pour les personnes enceintes de consommer le gingembre en grande quantité (1g par jour est suffisant), ce qui est vite tentant vu que cette racine peut calmer les fameuses « nausées matinales »… De même, attention à l’huile essentielle de gingembre qui ne doit pas être utilisée au cours du premier trimestre de la grossesse (sauf avis médical), et avec parcimonie en suivant scrupuleusement les posologies pour le reste de la grossesse.
Le clou de girofle
Sa désignation latine est eugenia caryophyllata syn. Syzygium aromaticum (famille des Myrtacées), et il est connu en Asie du Sud-est comme un remède universel. Hildegarde de Bingen l’utilisait dans une préparation anti-goutte. Le clou de girofle est antiseptique, antifongique et bactéricide. Son action analgésique et anesthésiante en fait un atout de choix pour les soins dentaires (il entre d’ailleurs dans la composition de nombreux bains de bouche, de produits de rinçage et même dans certains pansements dentaires). Il est un bon allié contre la mauvaise haleine et soulage efficacement les maux de dents. Comme ses collègues, le clou de girofle est aussi un relaxant pour favoriser la digestion, en plus d’aider à éliminer les parasites intestinaux. Il soulage également nausées, vomissements et diarrhée, ainsi que de nombreuses infections causées par des champignons. C’est aussi un bon désinfectant et un cicatrisant efficace (sa présence dans les pansements dentaires est donc plus que sensée), et il renforce le système immunitaire (avec une action spécifique sur les poumons et le système lymphatique).
Pour ce qui est de son huile essentielle, elle est interdite aux personnes enceintes ou allaitantes et aux enfants de moins de 6 ans. De plus, l’huile essentielle de gingembre ne doit pas être utilisée pendant plus d’une semaine.
La noix de muscade
De son nom latin myristica fragrans (famille des Myristicacées), la noix de muscade brute fraîchement moulue à partir des amandes, ainsi que l’huile de noix de muscade, ont des effets psychoactifs lorsqu’elles sont consommées à forte dose… et bien que cela fut rarement remarqué, une dose massive en plus d’autres médicament peut entraîner la mort (les cas de mort par prise seule de la noix de muscade sont encore plus rares). D’ailleurs, un proverbe dit « Une noix profite, deux nuisent, la troisième tue »… Pourtant, cette épice est toujours très appréciée, en particulier dans la cuisine française. Petit point culture : la noix de muscade fait partie des ingrédients du Coca Cola !
Pour ce qui est de ses vertus, la noix de muscade fait concurrence aux autres épices que j’ai déjà citées : elle stimule l’appétit, elle aide à la digestion, elle est analgésique (notamment contre les douleurs liées aux rhumatismes). En infusion, elle est anti-diarrhéique, anti-nauséeuse, elle régule le cycle menstruel et favorise le sommeil. Enfin, elle est un anti-dépresseur naturel et elle aussi apaise le système immunitaire en cas d’allergie ou d’intolérance alimentaire.
Évidemment, à cause de sa toxicité à forte dose, elle est déconseillée aux personnes enceintes (sauf avis médical). De plus, son huile essentielle ne peut être utilisée que par des professionnel·le·s de la santé.
Et… la pomme !
J’avais déjà évoqué le côté sacré et magique de le pomme lors de mon article pour Mabon. Aujourd’hui, je vais donc vous lister les principales vertus de ce fruit de saison.
De son nom latin malus domestica (famille des Rosacées), la pomme est née en Asie où l’écorce de l’arbre est utilisée pour lutter contre le diabète. Selon Hildegarde de Bingen, la pomme serait le remède à tout… C’est la pectine (contenue principalement dans la peau) qui donne ses propriétés à la pomme. Elle a pour principal rôle de réguler le système digestif : la pomme crue soulage la constipation, tandis que cuite (notamment en compote) elle agit sur la diarrhée. La pomme cuite aiderait également à lutter contre la fièvre. Les décoctions d’écorce de pommier servent aussi à lutter contre la malaria. Et les feuilles de pommier sont également utilisées en cataplasme pour leur effet antibiotique. Enfin, la pomme agit également pour réduire le taux de cholestérol.
Fait méconnu, la pomme (comme d’autres fruits à pépins comme les agrumes) n’est pas sans danger : en effet, ses pépins contiennent du cyanure ! Heureusement pour nous, c’est en faible dose, mais il suffirait d’une demi tasse (125ml) de pépins de pomme pour tuer une personne adulte. Évidemment, je vous recommande de ne jamais tester la véracité de ce fait, ni sur vous ni sur personne d’autre !
Mon remède naturel
Je suis allergique à pas mal de choses, et de mars à octobre j’enchaîne les crises… le reste de l’année, ce sont les coups de froid qui prennent le relai… Un jour, une amie m’a donné la recette d’un remède naturel contre le rhume, que j’ai ensuite amélioré avec quelques épices. Aujourd’hui, à mon tour, je partage cette recette !
Evidemment, rien de miraculeux, si vous êtes enrhumé·e ça ne fera pas passer le mal pus vite qu’un médicament classique, mais ça a au moins l’avantage d’aussi renforcer vos défenses immunitaires, ce qui n’est pas inutile en hiver. En revanche, ça soulage très efficacement les maux de gorge qui vont avec les maux hivernaux, et c’est, de mon avis, plus économique et plus goûteux qu’un sirop contre la toux…
Ingrédients :
- 3 cuillères à café de miel (artisanal de préférence)
- 60ml de jus de citron
- 60ml de vinaigre de cidre (de préférence venant d’une bouteille avec une mère)
- 1/2 cuillère à café d’épices à pain d’épice
- 1/2 cuillère à café de cannelle en poudre
Marche à suivre :
Mettez tous les ingrédients dans une casseroles et faites mijoter en fouettant pour que les épices se mélangent bien au reste. Quand ça commence à bouillir, vous pouvez retirer du feu.
Versez le tout dans un pot pouvant se fermer hermétiquement (j’utilise des pots de confiture ou de confits pour les fêtes – comme ils sont plus petits c’est mieux, la préparation ne prenant pas toute la place, comme vous pouvez le voir sur la photo juste en-dessous). Laissez refroidir et stockez au frigo.
Chaque matin, prenez 2 cuillères à café (ou 1 cuillère à soupe) du mélange. Note personnelle : c’est meilleur quand c’est réchauffé…
Mon jus de pomme chaud aux épices
Je ne supporte pas l’alcool, alors pour moi ni vin chaud ni cidre chaud (ou alors vraiment très très rarement…). Alors pour avoir tout de même ma boisson chaude festive, et pour changer du chocolat chaud aux épices, j’ai adopté le jus de pomme chaud aux épices.
Et rien de bien compliqué : je verse d’abord du jus de pomme dans une tasse (comme ça pas de gâchis, je n’utilise que ce que je vais boire) et je verse ensuite dans une casserole. J’ajoute la dose qu’i me plaît d’épices à pain d’épice et de cannelle, une cuillère à café de miel, un peu de jus de citron (par facilité je fais avec du Pulco, je verse un bouchon pour une tasse de 450ml). Ensuite, je fouette pour bien homogénéiser le mélange et je porte à ébullition, en mélangeant régulièrement pour que les épices infusent bien.
Comme pour toutes mes préparations, je charge aussi avec mes intentions : je veux que ça me réchauffe le cœur, je veux que ça éloigne les maux de l’hiver,… Bien sûr en faisant attention au sens dans lequel je tourne mon mélange : dans le sens horaire pour attirer, dans le sens antihoraire pour éloigner.
Une fois ma boisson prête, je n’ai plus qu’à verser dans ma tasse et à déguster. Pour information, à cause des épices il y a un gros dépôt au fond. Pour pallier ce petit désagrément, il suffit de passer le liquide à travers une passoire très fine au moment de servir.
Bonne dégustation !
Mon « Presque Barm Brack »
J’en ai parlé rapidement dans mon article pour Samhain : il s’agit d’un pain traditionnel pour cette fête en Irlande. Dans la recette traditionnelle, il y a des fruits confits et des raisins secs… or, je n’aime pas les fruits confits, et mon compagnons n’apprécie pas les raisins secs, il a donc fallu faire notre propre version du Barm Brack, d’où le nom que je lui donne.
Je suis la recette traditionnelle – par contre, j’utilise de la levure fraîche, donc je fais chauffer le lait. A noter aussi que l’œuf à été oublié dans les étapes de la recette (il est à battre avec le lait puis mélangé à la levure). Cette autre recette (avec d’autres proportions) montre mieux les étapes… Et je zappe le coup de caché une pièce et un anneau, mais libre à vous de suivre jusqu’au bout cette tradition (notamment pour Samhain).
Et donc, au lieu des fruits confits et des raisins, chez nous on utilise plutôt un mélange de fruits à coque : noix, noisettes, noix de cajou et amandes, en l’occurrence. Que je concasse grossièrement avant de les mélanger à la pâte.
Et j’avoue que j’ai tendance à rajouter bien plus d’épices – d’ailleurs, en plus de la muscade et de la cannelle, je rajoute là aussi des épices à pain d’épice. C’est assez drôle d’ailleurs, quand on y pense, parce que si j’adore ces épices, en revanche je n’apprécie que moyennement le pain d’épice… allez comprendre…
Une chose est certaine : quand on cuit ce pain, la maison embaume les épices, et ça donne une ambiance très festive !
J’espère que vous vous régalerez autant que nous ! J’en ai refais un mercredi, et hier soir on l’a déjà fini !
Et c’est sur cette image appétissante que je vous laisse pour cette semaine. Ainsi que sur une question : et vous, quels sont vos trucs et astuces pour passer un hiver agréable ?
A vendredi prochain pour un nouvel article, qui sera consacré à l’eau de lune (pile à temps pour la pleine lune du 30 novembre).
Prenez soin de vous et que Mélusine vous garde…
Sources
- « Dictionnaire des plantes médicinales« , de Daniel Jourdain
- « Les épices de la santé« , de Géraldine Adam, Laurence Wittner, et Catherine Mandigon
- « Encyclopédie des plantes médicinales » de Larousse
- « Ma bible des huiles essentielles« , de Danièle Festy
- et Wikipédia (notamment au sujet de la noix de muscade)