Dès lors que nous sommes en âge de les comprendre, certaines valeurs nous suivent tout au long de notre vie. Elles jalonnent notre parcours, en bien comme en mal selon notre code moral…
La sorcellerie ne fait pas exception, et il y a certaines habitudes qu’il est bon de toujours suivre pour une pratique saine. Aujourd’hui, je vais vous parler de notions parmi les plus importantes, et qu’hélas beaucoup ont tendance à trop souvent oublier : le libre arbitre et le consentement.
Quelques définitions…
Avant de vous expliquer mon point de vue personnel sur tout cela, et comment j’articule ces notions dans ma pratique, il convient de poser quelques bases, et de bien définir de quoi on parle exactement.
Le libre arbitre
Il s’agit là d’une notion philosophique, opposée au déterminisme : le libre arbitre c’est le principe selon lequel tout être humain a la capacité de se déterminer librement par lui-même, et peut agir et penser selon sa propre volonté.
Là où le destin impose un chemin tout tracé, le libre arbitre permet de choisir comment se déroulera le chemin, permettant ainsi de changer d’une manière ou d’une autre la finalité. Avec le libre arbitre, nous avons de fait la capacité de choisir, et précisément de choisir comment agir, en bien ou en mal. Nous sommes donc responsables de nos actes.
Le libre arbitre s’exerce lorsque l’on agit spontanément (et donc librement), et en toute connaissance de cause. Ainsi, si on agit sous la contrainte et dans l’ignorance, nous sommes privé·e·s de notre libre arbitre (même si on nous donne un choix à faire : ce n’est pas un vrai choix s’il est imposé).
Évidemment, cette notion peut être aisément critiquée : les lois ou la religion, par exemple, nous imposent certains choix, de même que notre éducation, notre environnement,… C’est tout un conditionnement social, culturel, économique,… qui nous modèle et par là modèle nos codes moraux et donc, par extension, nos choix.
Le consentement
Une notion parfaitement d’actualité, et qu’il convient d’enseigner dès le plus jeune âge. A l’origine, c’était également un principe de philosophie morale, de nos jours c’est un concept juridique.
Consentir, c’est accepter de son plein gré, sans contrainte, quelque chose qui nous concerne ou qui concerne une personne dont on a la charge (comme un enfant, par exemple). Actuellement, on parle évidemment beaucoup du consentement dans le domaine de la sexualité – ou il est hélas souvent mis de côté – ainsi que dans le domaine médical – notamment à propos des violences obstétricales…
Ainsi, passer outre le consentement d’une personne, c’est la contraindre à effectuer une action ou à subir quelque chose qu’elle ne désire pas : c’est la priver de son libre arbitre.
Le libre arbitre & le consentement dans l’ésotérisme…
Lorsqu’on se lance dans la sorcellerie, on veut généralement bien faire, mais très souvent on essaye trop vite de se lancer dans des rituels et sortilèges qu’on ne comprend pas toujours. Mais surtout, on a tendance à oublier beaucoup de précautions… Et si oublier de se protéger est une chose, oublier de prendre conscience des autres en est une autre.
Les notions de libre arbitre et de consentement passent régulièrement à la trappe lorsqu’il est question d’exercer la magie sur les autres, qu’il s’agisse de sorts d’amour ou de malédiction, ou même de sorts de protection. Oui, vous avez bien lu : même pour protéger les autres on ne peut se passer du respect de leur bon vouloir ! Nous allons donc passer en revue certains cas pour bien comprendre de quoi nous parlons…
Amour & éthique
Tout le monde connaît les publicités de personnes peu scrupuleuses qui promettent de ramener l’être aimé… Mais s’il est une chose certaine en sorcellerie c’est qu’on ne peut créer les sentiments dans le cœur d’une personne. Imaginez-vous pouvoir vivre aux côté de la personne que vous désirez, en ne sachant jamais si son amour pour vous est réel ou forcé ? Sauriez-vous assumer de prétendre le bonheur avec quelqu’un qui n’est pas libre de ses choix à cause de vous ?
C’est ce que l’on doit se demander à chaque fois qu’on pratique dans ce domaine. On peut créer des conditions favorables, inciter les contacts à se faire, mais on ne peut pas forcer les émotions à naître.
Ainsi, plutôt que de créer des filtres d’amour à faire prendre à l’être aimé, mieux vaut faire des bénédictions ou des sorts pour que l’amour, quel qu’il soit, trouve le chemin vers nous. Et si on le fait pour quelqu’un d’autre, c’est la même chose : l’aider à s’ouvrir à de nouvelles rencontres, inciter l’univers à mettre la bonne personne sur sa route, mais jamais envoûter une tierce personne qui n’est au courant de rien…
Maudire ou ne pas maudire ?
En ce qui me concerne, la réponse sur le sujet est clair : il ne faut jamais souhaiter le mal, même à son pire ennemi. Pour la simple et bonne raison que je crois fortement que nos propres intentions nous reviennent toujours, d’une manière ou d’une autre, et qu’ainsi tout le mal qu’on souhaite peut nous causer du tort à nous-mêmes. C’est d’ailleurs le principe du « triple retour » de la Wicca, ou du Karma pour les hindouistes.
D’un point de vue éthique, souhaite le mal pour autrui, même si la cible est une personne mauvaise, n’est pas une bonne idée. La vengeance ne résout rien, elle ne fera pas faiblir nos souffrances (tout en pouvant en créer d’autres selon les résultats obtenus). Bien sûr, il n’est pas non plus question de toujours pardonner : le pardon est difficile, c’est un très long chemin.
En sorcellerie, il existe cependant des « parades » à la malédiction et aux mauvais sorts, pour agir sans pour autant faire du mal. La plus facile à mettre ne place étant de simplement reformuler nos vœux : plutôt que de maudire une personne qui nous aura fait du mal, on peut lui souhaiter de comprendre ses fautes et de se repentir. Certes, c’est moins jouissif que de se venger, mais c’est tout de même bien plus efficace et utile, et pas seulement pour nous.
On peut demander à ce que la mauvaise personne soit obligée de faire face à ses fautes, qu’elle partage nos douleurs afin de ne plus faire le mal autour d’elle, ou qu’elle soit désormais empêchée de faire du mal de la manière appropriée. En bref, il faut reformuler de manière positive, afin de chercher à ce que la personne à punir puisse apprendre une leçon au lieu de simplement souffrir.
Pour moi, je pars toujours du principe que, tôt ou tard, la personne qui m’a fait du mal ou qui a été mauvaise avec une personne qui m’est chère, devra payer ses dettes à l’univers. Et par expérience, je sais que la rancœur me fait plus de mal qu’à celleux qui en sont à l’origine. Alors je leur souhaite d’un jour pouvoir comprendre tout le mal qu’iels ont fait, et je me concentre sur moi, sur ma propre guérison, afin de passer à autre chose. Et je me protège, afin que le mal qui me soit envoyé soit renvoyé à la personne qui me prend pour cible.
Protéger les autres…
Dans le domaine de la protection, le flou règne. Cela part toujours d’une bonne intention, mais il convient de le faire de la bonne manière. Il est vite tentant de confectionner des talismans ou des « spelljar » ou autres sortilège pour mettre en sécurité les personnes qu’on aime… mais, ces personnes le désirent-elles ?
On répète toujours qu’une des choses les plus importantes en magie, c’est l’intention. Mais justement, forcer une personne à être protégée peut nuire à cette protection en rendant ambiguë l’intention qui y est liée. Car pour qu’une protection soit efficace, il faut que la cible y soit favorable, pour que les énergies s’harmonisent correctement.
On peut voir cela comme un système d’alarme installé chez quelqu’un à qui on aura oublié de donner le code. C’est totalement contre-productif, n’est-ce pas ?
En matière de protection pour les autres, il convient donc de demander avant. C’est d’autant plus utile qu’en discutant avec la personne vous pourrez adapter au mieux la protection. Par exemple en évitant d’utiliser une couleur qu’elle n’aime pas, ou en choisissant dans les correspondances une plante qu’elle adore ou une pierre qui lui correspond mieux que celle qui vous viendrait tout de suite à l’esprit… Tout est une question d’optimisation, en somme…
Et si on veut agir tout de même, pour le bien d’autrui ?
Et bien on s’abstient quand même de lancer des sorts ou de créer des choses qui ne sauront pas agir au mieux. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire du tout !
Quand je suis dans une optique de prendre soin des personnes auxquelles je tiens et qui malheureusement sont loin de moi, je choisis toujours des manières détournées mais respectueuses d’agir. Deux en particulier : la prière et les bénédictions. C’est simple, ça ne demande pas ou très peu de matériel, et surtout ça utilise un principe simple : la manifestation.
En gros, je me contente de souhaiter à ce que la vie de ces personnes s’améliore, qu’elles obtiennent ce qu’elles méritent d’avoir en positif,… Je reste vague, je m’attache à toujours être positive dans mes formulations (comme pour le chèque d’abondance), et surtout je promet quelque chose en retour, pour montrer que je ne fais pas cette demande à la légère. Parce que traiter avec ce qui nous dépasse, qu’il s’agisse de l’univers, de divinité ou d’autres entités, c’est toujours du donnant-donnant.
Pour conclure, qu’il s’agisse de votre pratique ou de votre vie quotidienne (les deux pouvant bien sûr être intrinsèquement liées), il est important de faire attention à ce que vous demandez et à la façon dont vous le faites. Car si la sorcellerie peut être une activité solitaire, on ne peut arrêter de penser aux conséquences sur les autres…
Nous voici donc à la fin de cet article, qui j’espère vous aura été utile.
Edit du 6 Mai 2021 : pas d’article cette semaine, je vous donne rendez-vous le vendredi 14 Mai pour une nouvelle pierre du mois : celle de Mai, donc, à savoir l’émeraude.
Prenez soin de vous et que Mélusine vous garde…
Sources
- Sur le libre arbitre
- sur le consentement
Merci pour ce bel article.
Mais de rien, ravie qu’il te plaise !