S’il fait peur aujourd’hui et traîne dans son sillage une aura négative, il est un animal qui de tous temps a fasciné les être humains et a nourri les mythes et légendes. Divin, sacré, mystérieux, le serpent parcoure le monde, et se réinvente dans toutes les cultures.
Qu’il soit positif ou négatif, cet animal étrange ne laisse jamais indifférent, et aujourd’hui nous allons tenter de décrypter les mythes et symboliques du serpent.
L’omniprésence du serpent…
Quelle que soit sa forme, son espèce, et son degré de sacralité, le serpent est présent dans la plupart des cultures, encore aujourd’hui. Et si aujourd’hui, on s’en méfie, cela n’a pas toujours été le cas…
En Égypte antique, le serpent est un animal sacré, et il représente la Quatrième Heure du jour et de la nuit, et, sous la forme de Teka-Her, il garde la Quatrième porte du monde des morts. Mais fort de son ambivalence, il est aussi l’antagoniste du Soleil (sous la forme d’Apophis). Associé donc au monde des mort et de la nuit, le serpent connaît les secrets de l’après-vie, représentant ainsi la sagesse comme la patience.
Au Proche Orient, les serpents sont associés aux divinités et servent à conjurer les morsures. Dans l’iconographie cananéenne, on voit les serpents comme les forces du chaos qui sont combattues par le roi guerrier. Dans la zodiaque chinois, le serpent est le sixième animal qui se présente. Enfin, la constellation associée au serpent, le Serpentaire ou Ophiuchus (que certaines personnes voient comme le treizième signe du zodiaque, à tort puisque cette constellation effleure seulement la ligne zodiacale sans la traverser comme les autres, et que le découpage en douze cadrans n’est pas anodin), est une des quarante-huit constellations anciennes répertoriées par Ptolémée.
Il est également très présent dans la Bible, notamment avec trois grands épisodes : le serpent tentateur du Jardin d’Éden, la transformation en serpent du bâton de Moïse, et le serpent d’airain édifié par Moïse. En outre, c’est un des rares animaux du Pentateuque à pouvoir parler. Il faut aussi savoir que dans les premières traductions de la Bible hébraïque, le mot « śĕrāpîm » (séraphin), signifiant « brûlant », désignait les serpents. Dans l’Évangile selon Jean, Jésus est comparé au serpent d’airain (pour la crucifixion), puis, dans l’Apocalypse de Jean, le serpent est associé à Satan.
Enfin, l’aptitude à muer du serpent lui confère un pouvoir de vie éternelle, ou tout du moins de cycle, d’évolution, de renouveau, capable de révéler à la fois le passé et l’avenir. Il est pour cela lié au Samsara, le cycles des réincarnations, et c’est aussi un serpent qui représente le Kundalinî, le canal d’énergie reliant les centres énergétiques du corps humain, appelés aussi chakras. En liant avec la vie éternelle, ou l’éternelle jeunesse, les alchimistes ont longtemps pensé qu’on pouvait trouver dans sa tête la pierre philosophale. Par ailleurs, le serpent est pour ainsi dire lié aux quatre éléments : par le fait qu’il rampe au sol et représente le monde souterrain, il est lié à la terre, mais ses écailles et ses ondulations le rapproche de l’eau, là où ses morsures l’associent au feu, enfin, parce qu’il se voit doté d’ailes dans certains mythes, il peut aussi être associé à l’air (mais dans une moindre mesure).
Notons tout de même les connotations négatives : le serpent est aussi associé à la mort et au danger. Il causa la mort d’Eurydice et de Cléopâtre, et dans le bouddhisme tibétain, il représente l’aversion, un des trois poisons de l’esprit (les deux autres étant l’avidité représentée par le coq et l’ignorance représentée par le cochon), tous trois présent au centre de la roue karmique.
Le Grand Serpent à travers le monde
Dans les mythes autour du serpent, il y a une récurrence notable : celle du Grand Serpent. Souvent marin, parfois affublé d’ailes, ou bien qu’il s’agisse d’un dragon, d’une hydre, d’une chimère, d’une vouivre, d’un basilic,…, le Grand Serpent a deux grands rôles, qu’il peut parfois jouer simultanément : il est un gardien et un initiateur, un guide. Mais surtout, il cristallise les peurs, angoisses, espoirs et désirs des mortels, tout en étant porteur de la connaissance divine et sacrée (c’est peut être pour cela qu’on l’a rapproché du « porteur de lumière », Lucifer).
Parmi les occurrences connues de ce Grand Serpent, on trouve le Léviathan (Phénicie, 1300 av. J.-C.), l’Ouroboros (le serpent qui se mord la queue, présent dans de nombreuses cultures, et représentant lui aussi le cycle infini de la vie et de la mort), chez les scandinaves ont trouve Midgarsormr (connu aussi sous le nom de Jörmungandr : fils de Loki, il est un serpent marin géant qui assure la cohésion de Midgard, le monde des humains, et son absence – après sa lutte à mort avec Thor – entraîne le Ragnarök, la fin du monde et de toute chose), en Inde il y a Ananta (que l’on relie aussi à Shesha, le serpent originel, et sur lequel repose Vishnu) et Kaliya (serpent géant vaincu par Krishna), Quetzalcoatl chez les Aztèques ou Kukulcan chez les Mayas, ou encore Apophis et Teka-Her en Égypte…
Une autre occurrence intéressante est celle du grand serpent arc-en-ciel, qu’on trouve aussi dans plusieurs cultures : en Inde (sur l’arc de Vishnu, il est enroulé autour de la corde), au Congo (où il porte le nom de Kongolo, qui veut tout simplement dire « arc-en-ciel ») ou encore en Australie dans la culture aborigène. Là encore la symbolique n’est pas anodine puisque dans toutes les cultures, l’arc-en-ciel est un pont entre ciel et terre : le serpent relierait donc le terrestre au céleste, les humains au divin.
Les divinités et les serpents
La dernière occurrence est bien sûr cachée parmi les divinités : qu’elles soient elles-mêmes représentées sous forme de serpent, accompagnées de serpents, ou combattant des serpents, là encore on en trouve des traces dans de nombreuses cultures.
On retrouve souvent le serpent en opposition à un dieu, un héros mythique divinisé ou encore un saint : l’aigle de Zeus affrontant Typhon, Apollon contre Python, Marduk contre Tiamat, Thor tentant de pêcher Jörmungandr, Héraclès combattant l’Hydre de Lerne, Saint George terrassant le dragon, ou tout simplement le serpent ou Lucifer défiant Dieu, … Un point commun à chaque fois : le serpent donne une leçon, peu importe l’issue du combat, et aide à s’élever. Il est aussi, régulièrement un hiérophante pour un héros perdu (comme pour Marduk), lui apprenant les mystères du sacré, à l’image du serpent apprenant les secrets de la médecine à Asclépios. Pour rester dans la médecine, le serpent est d’ailleurs lié au caducée, symbole d’Esculape (avec un seul serpent) et de Mercure / Hermès (avec deux serpents).
En cela, on peut le rapprocher du symbolisme biblique, où le serpent est aussi le symbole de la puissance divine de Dieu : quand il change le bâton de Moïse en serpent, il montre ses pouvoirs et fait comprendre qu’il est supérieur à toute magie. Et par extension, avec le serpent tentateur d’Adam et Ève, il devient le symbole de Lilith, la mère des démons, la première sorcière, celle qui sait. Ce côté démoniaque se retrouver chez les Gorgones, les trois sœurs monstrueuses que l’on connaît surtout par la seule mortelle de cette sororité, Méduse, qui avait une chevelure en nid de vipère et qui statufiait du regard les imprudents qui osaient la défier.
En Égypte, le serpent est lié à bon nombre de divinités : contre Apophis se bat Bastêt, sous la forme du Chat de Râ ou Chat d’Heliopolis (le Soleil, donc), mais il y a aussi Ouadjet (déesse tutélaire de la couronne rouge de Basse Égypte), l’Uræus (incarnation de l’œil de Râ et protectrice des dieux et des rois), Rénénoutet (déesse des moissons), Mertseger (maîtresse de la nécropole de Thèbe), Atoum, Nehebkaou (serpent nourricier des morts), Chai (dieu du destin), et Amon (qui fertilise l’œuf primordial). La plupart de ces divinités étant par ailleurs représentées sous la forme d’un serpent.
En Inde, le serpent est parfois lié au mal, notamment pour les adeptes de Vishnu. Le serpent combat alors Krishna ou Garuda (l’oiseau servant de monture à Vishnu). Tandis que Shiva porte au cou une guirlande de serpents… Le serpent a alors un rôle de protecteur comme on le connaît ailleurs, et on le voit très bien avec les Nagas, qui protègent notamment Bouddha.
Enfin, on peut aussi noter le côté nourricier du serpent, comme je l’ai déjà évoqué, et qui se retrouve parfaitement représenté par la Déesse-Mère du Vaudou, Mami Wata, qui est toujours accompagnée d’un serpent. Cette symbolique a peut être favorisé la croyance que les serpents venaient téter le pis des vaches ou prendre le lait des nourrices, en faisant taire les nouveau-nés en leur coinçant la queue dans la bouche…
Correspondances magiques
Zodiaque : Balance, Scorpion
Système solaire : Lune, Terre
Saisons : Automne, Hiver
Fête : Ostara
Éléments : Terre, Eau, Feu (+ Air dans le cas des serpents ailés)
Direction : Sud
Centres énergétiques (Chakras) : tous
Créatures magiques : fées
- Tarot : Le Hiérophante / Le Pape
Déesses : Anat, Athéna, Bastêt (sous la forme du Chat de Râ), Chalchiuhtlicue, Coatlicue, Déméter, Devi, Hathor, Isis, Lilith, Rénénoutet
Dieux : Amon, Apollon, Apophis, Arès, Asclépios, Atoum, Cernunnos, Chai, Dionysos, Enki, Hadès, Hermès, Krishna, Kukulcan, Loki, Mercure, Quetzalcoatl, Râ, Seth, Shiva, Teka-Her, Thor, Vishnu, Zeus
Problèmes, intentions & pouvoirs : Après-vie, assurance (mocassin à tête cuivrée), autre monde / inframonde, bien-être, capacités psychiques, changements, créativité, cycles, danger (serpent à sonnettes), désir sexuel, enchantement, énergie (déesse, force vitale), faveurs (serpents verts), fertilité, force (python), guérison (serpent à sonnettes), inimitié, jalousie, vie (énergie, mystère), limitations / frontières, longévité, magie, manifestation, météo (tempêtes), pardon, patience (python), peur (serpent à sonnettes), pouvoir (python), prophétie, quêtes, renaissance / renouveau, ruse, sagesse, sexualité (puissance sexuelle), transformation, travail chamanique
+ pour le Cobra : action, conseils (âme), danger, inimitié, occasions (inattendu), sagesse (de la Déesse), souvenirs (vies antérieures), spiritualité, vengeance
Voilà, à présent le serpent nous apparaît beaucoup moins mystérieux, mais peut être toujours aussi fascinant…
A vendredi prochain pour un nouvel article, qui sera consacré à la pierre du mois d’Avril, le diamant.
Prenez soin de vous et que Mélusine vous garde…
Sources
- Wikipédia
- « Le grand livre des correspondances » de Sandra Kynes