Pierre du mois #15 – Octobre : L’Opale

Origine & formation de l’Opale

La formation de cette pierre est principalement sédimentaire : la silice libérée au cours du processus d’érosion, durant une alternance de périodes sèches et humides, a formé un gel plus ou moins transparent ou opaque qui constitue la matrice de l’opale. Lors des périodes humides, les précipitations chargées en ions et éléments divers s’infiltrent dans le substrat, l’eau de ruissellement imperméabilise les argiles à leur contact et stagne, les ions et éléments sont piégés. Il se produit une hydrolyse, la silice précipite avec formation d’opales, riches en impuretés. En périodes sèches, l’évaporation va former les couches supérieures de calcédoine et de quartz. L’opale peut contenir des organismes fossilisés par perminéralisation, remplacement ou inclusion. En inclusion on ne trouve guère que des racines de plantes, mais en 2020 on a trouvé le premier animal ainsi fossilisé, la nymphe d’une cigale datant de 5 à 10 millions d’années.

Ce sont les inclusions (des traces d’uranium, de magnésium, de calcium, d’aluminium, de fer, d’arsenic, de sodium et de potassium) qui donnent (comme toujours) les différentes teintes que prend cette silice. On parle alors d’opale blanche, noire (pour els tons bleus-noirs), de feu (orangés à rouges). L’opale dite « boulder » se présente dans une matrice brune ferrugineuse ou en grès, l’opale des Andes (qui vient donc du Pérou) est plutôt bleu pâle plus ou moins translucide, avec parfois des taches brunes. On nomme aussi simplement les opales selon leur pays d’origine.

Les reflets multicolores de l’opale, phénomène appelé de fait opalescence, proviennent quant à eux d’un mécanisme mit en évidence dans les années 1960 grâce au microscope électronique : ce sont de minuscules sphérules de silice qui, en fonction de leur disposition et de leur densité vont diffracter plus ou moins la lumière. On différencie alors l’opale noble, avec les reflets, de l’opale commune, sans reflets.

L’opale fait partie des pierres dites amorphes : elle ne possède pas de système cristallin, ses atomes ne sont pas disposés selon une structure ordonnée. Il existe cependant des variétés rares d’opales possédant un système cristallin, car elles sont composées également de cristobalite et de tridymite.

L’autre fait notable est la teneur en eau de l’opale : située généralement entre 4 et 10%, cette teneur en eau peut atteindre les 21 voire 30% selon les variétés. A cause de cela, les opales brutes sont assez souvent présentées immergées dans l’eau, afin de garantir leur qualité et leur intégrité. A noter également que plus l’opale a absorbé d’eau, plus elle sera transparente (c’est très flagrant notamment avec l’opale éthiopienne qui change très vite visuellement quand elle est plongée dans l’eau).

Enfin, il faut savoir que malgré les nombreuses appellations existantes, la classification ne reconnaît que quatre différentes sortes d’opales : commune, hydrophane, noble, et opale de feu. Les autres variétés sont donc forcément classées sous l’une ou l’autre de ces quatre catégories et sont surtout descriptives (on sait de quo ion parle en disant « opale rose » ou « opale verte », par exemple).

Un peu d’histoire

L’opale étant présente à peu près partout, son histoire suit donc celle de l’être humain de très près, et de nombreuses histoires lui sont liées… notamment pour expliquer des phénomènes météorologiques. Les traces les plus anciennes d’exploitation de l’opale remonteraient à 10 000 ans, dans le Nevada (USA), et on a retrouvé dans une grotte au Kenya des objets avec des opales, datés d’environ 4000 ans avant notre ère.

Du sanskrit « Upala » signifiant pierre précieuse, le latin en a tiré le nom d’Opalus, et le grec celui d’Opallios, et on lui attribuait comme signification « pour voir un changement de couleur ». C’est justement ce spectre de couleur qui inspira aux aborigènes (Australie) le nom de « Serpent Arc-en-ciel » pour désigner l’opale, leur dieu créateur ayant pris les couleurs de ce phénomène pour fabriquer la pierre. Cette idée se retrouve en Inde : la déesse arc-en-ciel se serait métamorphosée en pierre pour échapper à ses trop nombreux prétendants… Plusieurs dieux lui firent alors des dons : Brahmâ offre le bleu céleste, Vishnu l’éclat enflammé du soleil et Shiva le rouge éclatant. Dans la culture arabe, on raconte que de la lumière des éclairs qui furent emprisonnés dans la roche auraient créé l’opale. Chez les Grecs, les larmes de joie de Zeus, suite au triomphe face aux Titans, se seraient transformées en opale au contact du sol : on attribuera alors à l’opale des pouvoirs de clairvoyance et de prophétie. Cette croyance précise persistera jusqu’au Moyen Âge, où des vertus relatives à la vue lui valurent le nom « ophthalmios » (pierre de l’œil). Chez les Romains, enfin, l’opale était signe d’espoir et de pureté, et ils furent les premiers à la commercialiser. En Asie, l’opale incarnait l’espoir et le renouveau.

En Europe, la pierre opale noble était gage de bonheur associé à la fortune, la santé et la beauté, et Louis XIV en avait même fait sa pierre fétiche. Du côté de l’Angleterre, alors qu’on lui prêtait une aura de malchance, la reine Victoria popularisa elle aussi l’opale, et Shakespeare aurait dit de l’opale qu’elle était « la reine de toutes les pierres précieuses »… Mais d’où venait cette idée que l’opale portait malheur alors que les civilisations antiques pensaient le contraire ? En 1829, Sir Walter Scott publia son roman « Anne de Geirstein », dans lequel la baronne Hermione portait un bijou serti d’une Opale noble qui changeait de couleur selon son humeur. Un jour, quelques éclaboussures d’eau bénite lui ont à jamais enlevé son jeu de couleurs. La baronne s’évanouit et fut transportée dans sa chambre. Quelques heures plus tard, on ne retrouva d’elle qu’une « poignée de cendres grisâtres »… Il n’en fallait pas plus que pour la population s’empare de  ce fait comme d’une croyance et que l’opale soit affublée d’une mauvaise réputation.

C’est officiellement en 1849, par hasard, que l’opale d’Australie a été découverte, et son exploitation à partir de 1890 a pris de plus en plus d’essor. Aujourd’hui, le pays est toujours le premier producteur mondial d’opales (environ 90% des opales sur le marché proviennent d’Australie, d’importants filons ont été découverts en Ethiopie en 1994 et 2008, et l’opale de feu vient surtout du Mexique). Mais il n’y a pas que la quantité qui compte : les opales d’Australie sont aussi reconnues comme étant les meilleures à l’échelle mondiale.

Dans tous les cas, le prix d’une opale dépendra de trois facteurs majeurs : son origine, sa taille, et sa teinte (le prix va donc varier selon la brillance, la densité des teintes, la qualité du jeu des teintes, l’orientation des teintes et motifs, et les traces laissées par le mécanisme de formation – c’est à dire les inclusions).

Fait notable : la Terre n’est pas la seule planète a avoir des opales : en effet, la NASA a expliqué en 2008 avoir probablement découvert des zones d’opale sur Mars !